Parlons d'addiction.

“L’addiction à une substance psychoactive licite (tabac, alcool, médicaments psychotropes) ou illicite (cannabis, cocaïne, amphétamines comme la MDMA ou la méthamphétamine, nouveaux produits de synthèse…) ou à un comportement (sexe, jeux de hasard et d’argent, réseaux sociaux, jeux vidéo…) est définie comme un trouble caractérisé par un processus récurrent, comprenant un phénomène de consommation répétée d’intensité variable puis l’installation progressive d’une dépendance physiologique s’accompagnant de signes de tolérance et/ou de sevrage, d’un craving (envie irrépressible de consommer), d’une perte de contrôle, d’un déni et de la recherche de produit(s)/comportement(s) malgré les risques médicaux, psychologiques, psychiatriques et sociaux encourus et connus. Le caractère chronique ainsi que l’évolution par rechutes sont caractéristiques de ce trouble.”

Karila, L., & Benyamina, A. (2019). Addictions. Revue Des Maladies Respiratoires. doi:10.1016/j.rmr.2018.12.001

Pourquoi on devient addict ?

La consommation n’entraîne pas obligatoirement d’addiction, mais en fonction du produit consommé et de la façon dont on le consomme, il est important d’être vigilant vis-à-vis de soi-même. Qu’en disent les experts de la question en France ?

On retrouve dans les situations d’addiction trois facteurs : ceux reliés à la drogues, les facteurs sociaux et les facteurs biologiques.

Le diagnostic de l’addiction (ou dépendance) repose sur des critères bien définis, fixés par des instances internationales de santé mentale et répertoriés dans un manuel, le Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders (DSM). Parmi ces critères, on trouve la perte de contrôle de soi, l’interférence de la consommation sur les activités scolaires ou professionnelles, ou encore la poursuite de la consommation malgré la prise de conscience des troubles qu’elle engendre. Une personne est considérée comme souffrant d’une addiction quand elle présente ou a présenté, au cours des 12 derniers mois, au moins deux des onze critères suivants : 

  • Besoin impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de jouer (craving)
  • Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au jeu
  • Beaucoup de temps consacré à la recherche de substances ou au jeu
  • Augmentation de la tolérance au produit addictif
  • Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes provoqués par l’arrêt brutal de la consommation ou du jeu
  • Incapacité de remplir des obligations importantes
  • Usage même lorsqu’il y a un risque physique
  • Problèmes personnels ou sociaux
  • Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité
  • Activités réduites au profit de la consommation ou du jeu
  • Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques

L’addiction est qualifiée de faible si 2 à 3 critères sont satisfaits, modérée pour 4 à 5 critères et sévère pour 6 critères et plus.

Les trois éléments qui influencent le début de l’addiction d’un consommateur. Figure 8.1 tirée de Drugs, Without the Hot Air, 2012, David Nutt.

Les facteurs reliés à la drogue incluent la manière pour la substance d’atteindre le cerveau et ce qu’elle fait une fois arrivée. La tolérance et les symptômes de manque ont un impact important.

Les facteurs sociaux incluent la possibilité et l’acceptabilité de l’usage, la présence de publicité, l’importance de la consommation dans les groupes sociaux et les coûts sociaux et économiques de l’usage.

Les facteurs personnels et biologiques rassemblent l’âge, le genre, la génétique, l’état de santé général. Ce facteur est bien entendu influencé par les autres et vice-versa.

Karila, L., & Benyamina, A. (2019). Addictions. Revue Des Maladies Respiratoires. doi:10.1016/j.rmr.2018.12.001

Une autre manière de se représenter ce qui influence le risque de développer une addiction est celle-ci. Tous les facteurs sont constamment en interaction les uns avec les autres, rendant la réalité de l’addiction complexe.

Ce sur quoi nous pouvons réellement agir pour limiter les risques, ce sont le comportement et l’environnement.

Nous pouvons nous représenter le phénomène de l’addiction avec l’image qui suit. La consommation commence toujours par la recherche de quelque chose de plaisant, et l’addiction arrive lorsque l’on est coincé dans ce qu’on appelle un cercle vicieux. Les premières expériences peuvent se dérouler sans le moindre problème, et l’addiction n’est pas une fatalité. Cependant, si l’on manque de vigilance, l’addiction peut rapidement s’installer, notamment avec les drogues les plus rapides pour atteindre le cerveau. Espacer les prises et privilégier des routes plus lentes permet de freiner l’arrivée de ce cercle vicieux.

Le cycle de l’addiction. Figure 8.6 tirée de Drugs, Without the Hot Air, 2012, David Nutt.

Les voies d'entrée des drogues.

Les voies utilisées sont classées dans l’ordre du plus rapide à entrer et sortir, au plus lent. Soyez vigilant, une rapidité élevée favorise l’abus et donc le risque d’addiction. De plus, une action très rapide peut être surprenante et déclencher des effets et comportements inattendus et dangereux.

Il est important de garder à l’esprit que ces vitesses d’action sont une généralité, présentées tel quel. Il peut y avoir, en fonction des drogues, des dynamiques différentes de celles présentées ici. Pour autant, ce graphique est une idée de départ importante à connaître.

L’influence de la voie d’administration sur la rapidité et l’intensité de l’effet d’une drogue. Réadapté à partir de la figure 10.1 tirée de Drugs, Without the Hot Air, 2012, David Nutt.

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